En 2023, la police néerlandaise a souhaité organiser une formation pour ses collègues des unités chargées de l’analyse de la perception dans le cadre de la communication de crise. À première vue, cette mission semble simple, mais former les membres d’une cellule de crise de manière efficace et efficiente n’a rien d’évident.
Acquérir des compétences qui peuvent être transposées sans effort dans des situations de crise réelles exige davantage qu’une formation classique en salle de classe. La solution de facilité, qui consiste à demander aux membres de la cellule de crise de suivre chaque année un certain nombre d’heures de formation, quel que soit leur niveau de compétence et d’expérience en la matière, n’est pas adaptée en ce sens.
Comment élaborer des parcours d’apprentissage qui tiennent la route afin que les membres de l’équipe de crise puissent appliquer efficacement les connaissances, les compétences et les comportements qu’ils ont acquis lorsqu’ils sont sous pression ?
Quiconque cherche à obtenir des résultats pédagogiques optimaux est rapidement confronté au concept de l’apprentissage basé sur l’acquisition de compétences dans le cadre plus large de la formation et du développement professionnel. L’apprentissage basé sur l’acquisition de compétences est une approche de formation qui tourne entièrement autour du développement des compétences spécifiques nécessaires pour un rôle ou une tâche, par exemple l’analyse de la perception. Pour parler d’apprentissage basé sur l’acquisition de compétences, les objectifs pédagogiques doivent être clairement définis et communiqués aux participants, les résultats de la formation doivent orienter le programme d’apprentissage et la démonstration des compétences doit faire partie intégrante du processus de formation lui-même.
Consciente que l’analyse de la perception est un rôle de crise très spécialisé qui ne fait pas partie des tâches courantes du groupe cible, la police néerlandaise a opté pour un programme pédagogique fondé sur l’acquisition de compétences. En collaboration avec des experts de la police, nous avons élaboré des critères de compétence et un plan pédagogique personnalisé, comprenant des cours, des exercices, des sessions d’approfondissement, des tests de synthèse et de validation, ainsi que diverses évaluations, dont le fil conducteur est toujours le seuil de compétence. Les objectifs principaux étaient d’obtenir des résultats pédagogiques optimaux et de veiller à ce que les compétences puissent être appliquées efficacement dans des situations de crise réelles.
Maintenant que le premier groupe d’une quinzaine de stagiaires a achevé le programme d’apprentissage, nous sommes heureux de pouvoir partager 4 enseignements préliminaires, que nous soumettrons au deuxième groupe à l’automne :
- Les différentes évaluations avant et après le processus de formation montrent que tout le monde a fait de réels progrès. En moyenne, nous constatons une efficacité d’apprentissage (augmentation des compétences) d’au moins de 32%. Tant les communicants de crise néophytes (+51%) que les collègues plus expérimentés (+19%) déclarent avoir considérablement renforcé leurs compétences.
- Toutes les compétences qu’un analyste de la perception devrait posséder ne faisaient pas partie du programme pédagogique. L’analyste est censé se familiariser avec un certain nombre de compétences par d’autres moyens, par exemple la prise de connaissance des plans d’urgence ou du contexte politique des Pays-Bas. En moyenne, 42% de progrès ont été réalisés sur les compétences qui faisaient partie du cursus, mais on note aussi des transversalités : pour les compétences qui ne faisaient pas partie du cursus mais qui ont été sondées, on enregistre 34% de progrès.
- Nous avons remarqué que le programme enseignait principalement des compétences de terrain, ce qui est plus difficile à réaliser dans le cadre d’une formation classique. Nous avons également inculqué de nouvelles connaissances aux participants. C’est sur le plan de la posture que les progrès ont été les plus faibles, peut-être parce que la posture était déjà bonne au début du programme d’apprentissage ou parce que ces compétences ont été proportionnellement moins enseignées. Nous étudierons cette question plus en détail.
- Les participants disposant de moins de compétences au début du processus de formation sont ceux qui déclarent avoir le plus appris. Cela semble logique, mais il n’est pas facile de proposer des outils de formation adaptés à la fois aux débutants et aux analystes plus expérimentés sans perdre une partie des stagiaires en cours de route.
Ces premières observations montrent que le programme fonctionne. Les données nous montrent exactement où l’efficacité de l’apprentissage se situe (ou ne se situe pas) et nous permettent ainsi d’optimiser le programme de formation pour les prochains groupes. Nous pouvons ainsi transmettre des compétences spécifiques de manière plus ciblée et mieux justifier l’investissement dans la formation continue.
Vous souhaitez en savoir plus sur l’apprentissage basé sur l’acquisition de compétences ou sur ce à quoi pourrait ressembler un programme similaire pour les membres de votre cellule de crise ? N’hésitez pas à nous contacter sans engagement.